Bonjour
je transfère ici un post déja publié sur le forum PASSION HISTOIRE relatif au domaine des princes de Condé à Chantilly dans son état XVIIIe qui intéresse ici ce nouveau forum.
Vue du " Grand chateau " des princes de Condé vers 1789
Vous souhaitez connaître les dispositions du château de Chantilly au 18e siècle, je vous conseille la lecture de l’album du comte du Nord par JP Babelon, aux éditions Moncelle Hayot qui comporte les plans des appartements de ce château sous Louis XVI, certaines élévations de plusieurs salons, aujourd’hui disparus et surtout de très nombreux relevés des jardins.
http://www.fnac.com/1134316/rcwwwa/Album-du-comte-du-nord-Chantilly-J-P-Babelon.html Il existe aussi quatre plans en ligne sur le site de la BNF ( Gallica ).
http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?O=07740964 http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?O=07740965 http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?O=07740966 Sur ce même site, vous pouvez télécharger l’ouvrage ancien intitulé Voyage pittoresque des environs de Paris, ou Description des maisons royales, châteaux & autres lieux de plaisance, situés à quinze lieues aux environs de cette ville / par M. D*** ( Dézallier d’Argenville ) qui décrit avec précision, les châteaux de Chantilly, aussi bien intérieurs que extérieurs. Un autre ouvrage est disponible aussi : Le château de Chantilly pendant la Révolution... / par Alexandre Sorel.
Je peux, si vous le souhaitez, donner quelques précisions topographiques de ses appartements.
Chantilly comportait, à la fin du XVIIIe, en fait, trois châteaux :
-le « petit château » datant de la Renaissance construit par J.Bullant et doublé par JH Mansart pour le Grand Condé,
-le « grand château » reconstruit entièrement par JH Mansart pour le Grand Condé et remanié au XVIIIe sur l’ancien plan médiéval du second château Renaissance de Pierre Chambiges, hérité des deux constructions successives des premiers propriétaires : les Orgemont au XIVe et les Montmorency au XVIe,
http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?O=07740970 pour M le Duc par J.Aubert.
http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?O=07740973 -Un autre château construit par JF Leroy ( un simple corps de logis classique ) fut construit en 1770 pour loger le duc d’Enghien et divers services d’où son nom de « château d’Enghien ».
http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?O=07740972 A l’arrivée d’une avenue axiale on arrivait à un pont qui enjambait une ancienne rivière de l’étang de Sylvie, canalisée par Le Notre. On arrivait à une esplanade engazonnée menant à une place formant un carrefour au centre de laquelle était la statue équestre du connétable de Montmorency. A gauche de l’esplanade, un pont menait au petit château dans lequel on entrait par un porche à portique, à droite, un autre pont lui répondait, donnant accès aux jardins, au hameau et à la maison de Sylvie et au château d’Enghien.
L’esplanade haute donnait à droite par une grande entrée dite la « porterie » à la cour du grand château, composé de trois niveaux : soubassement ou « souterrains » à hauteur des douves, un rez-de-chaussée, un étage noble surélevé et un étage d’attique.
Le petit château comportait, comme aujourd’hui , un rez-de-chaussée bas et un étage qui communiquait par deux corridors superposés au souterrains et au rez-de-chaussée du grand château.
Commençons par ce « petit château » vestige du château de Jean Bullant.
On entrait dans sa cour intérieure par une aile qui comportait un porche d’entrée et une aile de retour qui renfermait deux appartements qui seront occupés par les héritiers présomptifs de la famille, Mr le Prince et Mme la princesse sous Louis XIV , et Duc et la duchesse de Bourbon au XVIIIe. Les deux logements seront réaménagés agréablement et confortablement au XVIIIe dans le goût rocaille.
Chaque appartement comprenait une antichambre, un salon, une chambre, un boudoir, une garde-robe et une chaise de commodités. Le boudoir de la duchesse était le fameux salon de la « Petite Singerie » peint par C.Huet. L’étage unique, modifié et doublé en épaisseur par Mansart, conserve l’appartement de parade du maître des lieux . Le Grand Condé, son petit fils le Duc de Bourbon ( le ministre de Louis XV ), et le fils de ce dernier le dernier prince de Condé y logeront.
Le second occupant y laissera son empreinte en y aménageant, entre 1718 et 1720, un décor rocaille et en faisant lambrisser les salons de boiseries sculptées et dorées. On en visite encore la belle antichambre, la chambre, le grand cabinet d’angle ( dite la « grande Singerie » ) et la galerie « des actions de M le Prince ».
Dans le double de l’appartement était une garde-robe, une salle de bains, et une chambre à alcôve où couchait le prince l’hiver qui débouchait dans la galerie. Cette galerie débouchait dans un appartement de 4 pièces au dessus du porche d’entrée où était le cabinet d’histoire naturelle du prince célèbre dans l’Europe entière.
Le « grand château » reconstruit par Mansart était constitué de plusieurs corps de logis, agrémenté de tourelles vestiges du château médiéval, autour d’une grande cour intérieure pentagonale .On trouvait l’aile de la « principale entrée » , l’aile du roi, l’aile de la reine et l’aile de la chapelle.
On pénétrait dans cette cour par une entrée formée d’une porterie médiévale entourée de deux tours depuis la terrasse du connétable par un pont enjambant les douves. On pénétrait dans un vestibule voûté à air libre et carrossable.
A gauche était un immense escalier très haut voûté à l’impériale et à trois volées. C’était l’escalier de parade qui menait à l’étage royal. Au rez de chaussée de l’aile de la chapelle, était la grande chapelle ovale du château, chapelle palatiale avec tribune royale au premier étage et chœur dans une tour ronde. Après le passage menant au « petit château » se trouvaient deux immenses salles de réceptions qui servaient de salle à manger et de salon.
Ce salon était nommé « salon du Tasse » à cause de son décor peint. Au delà, dans l’aile formant le triangle et le fond de la cour, était le rez de chaussée de l’aile de la reine, où étaient un vestibule à air libre, l’escalier de la reine, plus petit que celui du roi mais imposant et un appartement double qui servira à loger, probablement le petit fils du grand Condé, M le Duc et son épouse, Mlle de Nantes fille de Louis XIV et de Mme de Montespan. Cet appartement fut transformé en salons de réception par leur fils aîné.
Sous Louis XVI, on y trouvait une antichambre ovale, la salle de billard , le grand salon avec une arcade et deux cabinets dans les tours dont le dernier servit de salon de musique à la princesse Louise de Bourbon-Condé fille chérie du dernier prince.
Au delà vers l’aile du roi, une ancienne galerie voûtée fut cloisonnée pour lui servir d’appartement. Le rez-de-chaussée de l’aile du roi comprenait le vestibule carrossable dont on a déjà parlé et plusieurs appartements de famille. Les nombreuses petites filles du Grand Condé, les comtes de Clermont et de Charolais y auront probablement leur chambre réservée.
Le premier étage était accessible par les deux grands escaliers du roi et de la reine. L’escalier du Roi communiquait à la grande tribune de la chapelle. C’était l’étage royal : c’était là que le roi , la reine et la famille royale trouvaient des appartements préparés lorsqu’il honoraient leur cousin de leur visite.
Louis XV viendra très souvent à Chantilly, la reine viendra parfois, mais on ignore si Louis XVI et Marie Antoinette feront des séjours à Chantilly. Malgré son désir, la reine n’assistera pas aux fêtes brillantes données pour la venue du tsarévitch Paul et de son épouse en 1782.
A droite du palier était l’appartement du Roi, composé des pièces réglementaires : une immense salle de garde, deux antichambres en forme d’immenses galeries dont la première servait de salle à manger, une chambre à coucher, le cabinet qui servait pour le conseil et trois autres cabinets, dont l'un était un orné de glaces ( dans la tour ), un autre servant d’oratoire et le dernier de cabinet intérieur.
L’appartement était complété par une longue galerie dite « galerie du roi » et des cabinets accessoires : deux garde-robe, chambres du valet de chambre et du capitaine des gardes installés dans les recoins. Il avait vue sur les jardins.
L’appartement de la Reine était accessible depuis la galerie du roi et l’escalier de la Reine à deux volées. Il avait vue sur les toits du petit château. Il était composé d’une salle des gardes, d’une immense chambre avec alcôve à balustre et d’un cabinet. On y trouvait également des pièces accessoires : garde-robe, cabinet de toilette, chambres de la femme de chambre, de la dame d’honneur. Les « princes » : dauphin, dauphine, princesses de France accompagnant les souverains trouvaient leurs logements dans trois appartements, situés à la suite de celui de la reine, entre la grande chapelle et l ‘escalier du roi.
L’attique du grand château avait une capacité de logements très importante pour les logements d’invités et ceux les serviteurs. Comme jadis Louis XIV faisait à Marly, les princes de Condé, offraient le gîte et le couvert à tous leurs invités avec une magnificence quasi royale, qui confirmait la réputation de luxe de ces princes dans l’Europe entière. Six cents invités seront ainsi accueillis lors des fêtes de 1782.
On compte environ une vingtaine de logements complets suivant le plan de Mariette, comportant, chacun, une entrée, une chambre, une garde-robe à domestique et parfois un cabinet. Le grenier de la galerie du roi abritait un immense garde-meuble. Le « château d’Enghien » procura, après 1772, des logement de service supplémentaires et l’appartement pour le duc dès sa naissance.
Les Condés quittèrent Chantilly en juillet 1789 pour l’émigration. Le château fut abandonné, converti en prisons, puis fut abandonné durant dix ans. Les Domaines l’adjugèrent à deux entrepreneurs qui raseront le « grand château » pour en récupérer les matériaux. Le « petit château » fut miraculeusement conservé. Sous la Restauration, le prince de Condé refit faire le parc, son fils le laissa à son filleul à sa mort en 1830, le duc d’Aumalle, fils de Louis Philippe. C’est lui qui reconstruire la grand château par Honoré Daumet de 1876 à 1882 et le légua à l’Institut de France.
Il serait intéressant maintenant d’y situer un certain nombre d’œuvres d’art : meubles, tableaux, sculptures que conservent nos musées … Mais je laisse ce travail de récolement à d’autres.
Allez visiter le site du « musée Condé »
http://www.chateaudechantilly.com/